Si vous avez prévu de visiter le Cameroun, ne passez pas à côté de Bimbia. Bimbia est un village situé à quelques kilomètres de la ville côtière de Limbe, dans l’ouest du Cameroun. C’est à cet endroit, au milieu de la forêt, que se trouvent les vestiges d’un ancien port négrier, beaucoup plus important en termes de trafic que celui de l’Ile de Gorée au Sénégal.

Il aurait représenté 10%* du Yovodah**. Le site a été découvert en 1987, à l’occasion de travaux de terrassement du site de l’église édifiée à la mémoire d’Alfred Saker, un missionnaire anglais. Il est aujourd’hui classé au patrimoine national camerounais, et en passe d’être classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Des visites guidées sont d’ores et déjà organisées, bien que les recherches dans les archives et sur le terrain soient encore à leurs tous débuts.

Une histoire à découvrir

A l’origine, Bimbia était un Etat indépendant, celui du peuple Isubu. Le nom Bimbia provient d’un roi Isubu nommé Mbimbi. A ce jour, 166 « voyages » négriers partis de la région du Cameroun moderne ont été identifiés par le Dr Lisa Aubrey et son équipe de chercheurs. Parmi eux, au moins quinze sont partis de Bimbia, et surement davantage (le lieu de départ de 110 razzias – sur les 166 – sont encore à trouver). Grâce à leurs recherches, Lisa Aubrey et son équipe ont pu déterminer leurs destinations : ainsi, une fois franchie la porte de non retour, les africains faits captifs partaient pour la Grenade, la République Dominicaine, Saint Vincent, la Jamaïque, le Brésil, pour en citer quelques-uns. D’après les archives étudiées, les noms de 2000 africains faits prisonniers et déportés depuis le Cameroun sont connus, ce qui permettra de connaître leur lieu et famille d’origine. Sont également connues les nationalités des bateaux : UK, Portugal, France, Espagne, Hollande.

Pour en savoir plus sur les recherches du Dr L. Aubrey, rendez-vous sur le site dédié : http://exposingbimbia.blogspot.fr, et suivez sa conférence donnée en 2014 à la librairie Tamery : Partie 1, Partie 2, Partie 3, Partie 4.

Le site historique

Bimbia est constitué de 3 villages : Dikolo,où se trouvent les vestiges, Bona Ngombe, et Bona Bille, tous trois situés sur les hauteurs de Limbe. Au large, à 600 mètres, se trouve Nicholls Island. C’est sur cette île que les esclavagistes européens gardaient les africains capturés les plus résistants : souvent originaires de l’intérieur des terres, ils ne savaient pas nager et donc les garder sur l’île était le moyen d’éviter qu’ils ne s’enfuient.

Pour se rendre sur le site, il faut prendre la route de Man O’War Bay à partir de Limbe, rouler sur deux kilomètres, puis prendre à gauche la piste qui amène au village. Il faut compter environ 30 minutes. Un véhicule tout terrain (ou des bonnes chaussures) est indispensable pour accéder à Bimbia, et il faut se renseigner au village pour une visite guidée.

Vers le site historique de Bimbia

Nicholls Island

Bimbia

 


* Selon France 24 : http://www.france24.com/fr/20140510-video-esclavage-port-negrier-bimbia-oublie-histoire-esclavage/

** Yovodah : Mot qui désigne le crime européen de l’esclavage, en langue Fon, et qui retranscrit spécifiquement le point de vue des africains victimes de cette agression (source : http://collectif161.free.fr/index.php/yovodah/)

Autres Sources : http://allainjules.com/2014/08/29/traite-negriere-deja-166-negriers-en-provenance-du-cameroun-identifies-par-des-chercheurs http://www.editions2015.com/cameroun/curiosites2.php

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